On Attend...

ON ATTEND

Cinq heures du mat' je pointe
C'est l'heure d'activer mes bras
J'ai laissé ma tête au vestiaire
Elle sera mieux là-bas
Mon corps lui cale ses gestes
Sur le bourdon de la chaîne
Ce bruit continu infeste
Mes oreilles habituées qui l’éteigne
Je ne connais pas mes patrons
Ils sont chez eux, comptent en millions
Ce que nous fourmis rapportons
Ceux, qui nous fourmis engraissons
Mais nous ne sommes pas à plaindre
Nous pouvons payer nos factures
Non nous ne sommes pas à plaindre
Y en a qui crèchent dans leur voiture

On attend chaque année
Le pot et ses insanités
Les discours indécents
Les phrases assassines
De nos beaux dirigeants noyés
Dans les objectifs venants
Tenant quand même à conseiller
D'essayer
De consommer français

Huit heures du mat', la pause
C'est l'heure de détendre mes bras
D'avaler ce café serré
Il me fait tant de bien
Puis le journal et puis la clope
Dix minutes, c'est si vite passé
J'en rallume une deuxième
Celle qu'il ne faudrait pas
Mais elle soulage un peu ma peine
Elle réchauffe mes doigts
Je sais au fond de moi
Sans doute aidera t-elle l’État
A gagner une retraite
A soulager la dette
Car même si je l'aime
Ma vie est une peine

On attend chaque année
Les vœux de l’Élysée
Le discours affligeant
Inutile et décevant
De notre beau président noyé
Dans ses remerciements
Tenant quand même à nous conseiller
D'essayer
De consommer français

Trente-deux ans du matin
C'est l'heure...
C'est l'heure où je n'attends plus rien
J'ai laissé ma peine au vestiaire
Elle est très bien là-bas
Plus de discours et plus de chef
La vie c'est si vite passé
Je n'en aurais pas de deuxième
A moi de la bouffer
De joindre ma tête à mes gestes
Et ne plus déprimer
Chercher le bonheur m'encanailler
Même si c'est l'enfer
Que l'on me promet

Et je vivrai enfin
Je saisirai au passage
Les vents de mon destin
J'y tracerai mon sillage
Et j'y prendrai en nombre
Souvenirs et rencontres
Je ne veux plus être là...

Juste pour consommer


L'HUISSIER

Le costume, les pompes en cuir
La cravate pour éblouir
Un peu la gueule d'un George Clooney
Qui se s'rait vautré dans un fossé
Quand tu souris ça fait pâlir
On d'vine être dans ta ligne de mire
Mais l'important c'est pas l'physique
Sauf que chez toi c'est pas c'qu'y a d'pire
T'es joyeux comme un dimanche
Puis t'es con comme une pelle sans manche
T'as l'charisme sans déconner
D'une tortue renversée
Même si
T'es convaincu du contraire
C'est vrai
Finir huissier faut déjà l'faire

Il faut que j’oublie
Ta gueule moche, ta calvitie
Les kissdés qui t'accompagnaient
Quand t'as débarqué sur mon palier

Vous êtes rentrés même pas gênés
De gâcher mon p'tit déjeuner
D'part votre présence polluer mon air
Puis t'as fait ton inventaire
T'es mal tombé pour prendre du blé
Faut qu'y'ait des trucs a r'fourguer
Faut des biens, chez moi y'a rien
Qu'importe toi tu fais ton métier
Même les breloques sur la ch'minée
Ma tête d'indien, mes badges de rock
Comme une enflure t'as tout noté
La gueule que vont faire mes colloc's
Même si
Ils n'aiment pas non plus tes manières
C'est vrai
J'sais pas c'qu'elle a foutu ta mère

Il faut que j’oublie
Ta gueule moche ta calvitie
Les kissdés qui t'accompagnaient
Quand t'as débarqué sur mon palier

Combien d'fois j'me suis réveillé
En sueur au beau milieu d'la nuit
Sortant d'un rêve ou j'te cognais
Même que c'était sous la pluie
Puis j't'enterrais derrière le buis
Tranquillement sans faire de bruit
Peu d'temps après j’étais soupçonné
Tu f'sais crever mes azalées
Tout ça, ça reste dans mon sommeil
J'f'rais pas d'la taule pour un huissier
Toi et moi on n'est pas pareil
J'ai un soupçon de dignité
Même si
T'es convaincu du contraire
C'est vrai
Qu'toi tes affaires, elles sont prospères

Il faut que j’oublie
Ta gueule moche, ta calvitie
Les kissdés qui t'accompagnaient
Quand t'as débarqué sur mon palier


VU D'ICI

J'avance sur un bateau fantôme
Au milieu de compagnons d'infortune
J'ai vu la mort pendant des plombes
Avant de sortir de la brume

Les pieds glacés, la tête en vrac
Je tremble, je ne pense même plus
Soulagé, sorti de la barque
J'ai l'inconnu comme salut

J'arrive enfin en terre promise
J'remercie Dieu pour sa clémence
Soulagé, mais sans valise
Sans famille et sans existence

J'espère d'ici une vie meilleure
Loin des dingues, loin de la peur
J'ai tout lâché pour être là

Chez moi je meurs, d'ici je n'attends...
Je n'attends que du mieux

Maintenant j'patiente dans un camp
Je fais la queue pour trois tomates
J'aimerais savoir c'qu'on f'ra de moi
Mais les flics ne sont pas diplomates

J'imaginais pas vraiment çà
On m'avait dit « tout ira bien »
On m'a vendu l'Eldorado
Oh drôle de mot

Et même si vu d'ici, l'Europe
Ça ressemble à un chenil
Chez moi la mort frappe à nos portes
Les villes ne sont que champs de ruines

Et puis je n'demande pas grand-chose
Juste vivre encore un peu
Encore regarder quelques aubes

Chez moi je meurs, d'ici je n'attends...
Je n'attends rien de pire


LE CUL DES BOUTEILLES

Parti avec un carré d'as
Assez facile de faire face
Il te suffisait de miser
Pour être sûr de ramasser
T'as engrangé tant de billets
Sans même avoir besoin d'bluffer
Que a quarante balais passé
Tu n'es toujours pas satisfait
Qu'est-ce qui t’empêches de sourire
Sûrement la peur d'en voir partir

A chaque donne c'est la même
C'est les mêmes qui s'garnissent
C'est les mêmes qui croupissent
Et si à chacun son étoile
Dis-moi pourquoi
Certaines sont éteintes

Quant à moi j'ai deux paires
Deux bras et deux guibolles
Je mise douc'ment sans trop y croire
En espérant un coup de bol
Paraît que parfois ça suffit
Pour coucher quelques épis
Seulement je flippe sans répit
En jouant cette putain de partie
Seulement je flippe sans répit
En jouant cette putain de partie

A chaque donne c'est la même
C'est les mêmes qui s'garnissent
C'est les mêmes qui croupissent
Et si à chacun son étoile
Dis-moi pourquoi
Certaines sont éteintes

Parti avec un jeu pourri
Au premier tour tu t'es couché
Aujourd'hui tu n'vois plus le ciel
Qu'à travers le cul des bouteilles
Ça fait bien longtemps que tu sais
Que le croupier est un fumier
Aujourd'hui tu n'vois plus le ciel
Qu’à travers le cul des bouteilles
Ça fait bien longtemps que tu sais
Que le croupier est un fumier

A chaque donne c'est la même
C'est les mêmes qui s'garnissent
C'est les mêmes qui croupissent
Et si à chacun son étoile
Dis-moi pourquoi
Certaines sont éteintes


ZICOS DE COMPTOIRS

J'suis zicos de comptoirs
J'traîne ma gueule dans les bars
Où l'on veut bien de moi
Où l'on veut bien des miens
J'suis zicos de comptoir
J'tire la gueule en fin de mois
J'essaie tant bien que mal
D'écrire de belles histoires
Je parle de mes fantômes
Un peu de mes copains
De vin et de destin
Parfois même de mon chien
J'f'rais bien une chanson pour ma meuf
Mais j'sais pas comment faire
J'suis pas doué pour ce truc là
Alors je parle des perdus
Et des saloperies vécues

J'suis zicos de comptoirs
J'ai quatre accords primaires
Pour toucher la taulière
J'suis zicos de comptoirs
Mais c'est quand
Qu'on me ressert

Bien-sûr étant môme
J'rêvais de l'Olympia
Puis j'me suis habitué
A jouer près des WC
J'ai rencontré des potes
Dans tous les troquets de France
J'ai même été la-bas
En Navarre une fois
J'raconte au public
Des histoires de trottoirs
Des chansons qui riment pas
Qui foutent les ch'touilles dans le noir
Avec peu de vocabulaire
Mais une descente d'enfer

J'suis zicos de comptoirs
J'ai quatre accords primaires
Pour toucher la taulière
J'suis zicos de comptoirs
Mais c'est quand
Qu'on me ressert

J'suis zicos de comptoirs
J'traîne ma gueule dans les bars
Dans des bleds tous paumés
Dans des bistrots d'quartiers
J'suis zicos sans gloire
J'tiens pas à changer
J'aime l'odeur de fond de salle
Et les trognes de piliers
Mais quand il n'y aura plus de comptoirs
Pour faire mon récital
Bah dis-moi où j'irais
A la téloch' j'y vois mal
Mon jeu d'guitare à deux balles
Ma voix d'cailloux malade

J'suis zicos de comptoirs
J'ai quatre accords primaires
Pour toucher la taulière
J'suis zicos de comptoirs
Mais c'est quand
Qu'on me ressert


L'APPEL AUX ARMES

Le monde est aux mains des salauds
Depuis tout petit je veux tout cramer
Sur mes cartes d'histoire-géo
Je faisais avancer mes armées
Nous étions les libérateurs
Les peuples chantaient leurs victoires
Sur l'injustice et le malheur
Et les femmes nous servaient à boire
À nous les héros du Grand Soir
Au matin nous levions le camp
Les routes résonnaient de nos chants
Et le Soleil brillait si haut
On partait chasser les salauds
Sans cesse nous poussions la lutte
Et combattions au corps à corps
Tous les tyrans trouvaient la mort
Et leurs mentons nos uppercuts
Nos drapeaux flottaient sur chaque butte
À l'école on décourageait
Mes rêves révolutionnaires
Dans la cours on me confisquait
Mes pétards et mon revolver
Alors seul avec mes larmes
Je serrais mes petits poings d'enfant
Dis-moi mon Commandant
Quand c'est qu'on prend les armes ?

Alors je suis parti en guerre
Changeant de cause à chaque seconde
Contre la faim et la misère
Et l'argent qui régit le monde
On traite les gens comme de la viande
Comme de la merde, comme des esclaves
Et tant qu'il y aura de la demande
Il y aura des pilleurs d'épaves
C'est quand qu'on part à la marave ?
Pourquoi on ne fout pas tout en l'air
Pour tout refaire en moins dégueux ?
On refilera leurs sales affaires
Aux salopards et au Bon Dieu
Dis-moi qui sont les méchants
Dis-moi qui doit donner sa vie
Dis-moi mon Commandant
Dis-moi c'est qui l'ennemi ?

Tu sais je ne vais pas me laisser abattre
Ni m'endormir éveillé
On a cent-mille raisons de se battre
Cent-mille sanglots enragés
Lutte des classes Chaines des masses
Choc des castes Canon chargé
L'égalité traîne ses godasses
Sur les trottoirs dégueulassés
On va enfin tout faire péter...
On a tenu les tribunaux
On a révisé les supplices
On s'est vautré à leur niveau
Au nom de l'Ordre et la Justice
On a pendu des hommes en sang
Tiré dans le dos des salauds
Dis-moi c'est quand mon Commandant
Qu'on a viré facho ?


P'TIT LOUIS

Assis au bout d'sa table
Parcourt attentivement l'journal
Qu'est-ce qu'il y a d'neuf dans son bled ?
Qui figure à la page obsèques ?
Comme dab' y a rien que du banal
Çà l'intéresse quand même p'tit Louis
Puis ça lui fait voir du pays
Quand il ouvre les pages nationales

Tiens les chiens gueulent, v'là l'épicier
Comme en chaque début de semaine
P'tit Louis n'avait plus de pâté
Et prendrait bien quelques fruits frais
Enfermé toute la journée
Curieux seulement par la télé
Inquiet de c'qui pourrait se passer
Si il sortait, on n'sait jamais

P'tit Louis reste à se demander
C'qu'il y a de l'autre côté d'la ruelle
Si au pied des HLM
C'est comme ils le disent au JT
P'tit Louis reste à se demander
C'qu'il y de l'autre côté d'la ruelle

Y'a pas grand chose pour l'occuper
Les gens ont tous déserté
Son petit village paumé
Depuis la retraite, P'tit Louis s'emmerde
Il regrette le temps du turbain
Les pauses et la machine à café
Le midi avec ses copains
Et son établi tout en bois

Il adorait l'lundi matin
Parler d'la journée de «  ligue 1 »
Est-ce que Malherbe se maintiendra ?
Combien est ce qu'il nous manque de point ?
Tout ça, ça lui paraît si loin
Reste plus que la corne sur ses mains
Son dos lui fout un mal de chien
'sait bien qu'il est pas loin de la fin

P'tit Louis reste à se d'mander
C'qu'il y a de l'autre côté tout bonnement
Est ce que là-haut c'est moins galère ?
Est ce qu'il y a plus de trucs à faire ?
P'tit Louis reste à se demander
C'qu'il y a de l'autre côté tout bonnement

Assis au bout d'sa table
P'tit Louis passe le temps gentiment
Espère en vain voir une bagnole
Simplement un coup de téléphone
Quelques nouvelles de ses gamins
Ça lui ferait le plus grand bien
P'tit Louis n'ose pas les déranger
's'dit qu'ils sont sûrement occupés

P'tit Louis reste à se demander
Si la vie ça sert à quelque chose
Si faire des gosses c'est bien prudent
Si ils passeront l'voir pour l'nouvel an
P'tit Louis reste à se demander
C'qu'il y a de l'autre côté tout bonnement


PAS ENVIE D'ME TAIRE

Partis de rien
Pour finir enfoiré
C' est pas n'importe quel destin
D' aller pioncer à l'assemblée
T' as commencé gamin
A rêver qu' ça pouvait changer
Qu' tu pouvais aider tes prochains
Si ceux-ci voulaient bien t' aimer
T' y croyais vraiment
Sans même avoir de plan
Mais a vingt-cinq ans sonnés
Comme un con tu t'es encarté

T' as côtoyé nos gouvernants
T' as compris comment ça marchait
A trente ans tu rêvais
Plus de carrière que de changement
Toi et tes copains
Vous en avez brassé du vent
Convaincus de faire le bien
Restés sur le chemin des anciens
A colporter les mêmes conneries
Qu' il y a trois cents ans
Coupés du monde et de la vie
Du peuple qui élit

J' ai pas de programme à t' faire
D' t' façon j' m' en branle de leur système
J' crois plus en rien
Pas plus aux crétins qui gouvernent
Qu' aux abrutis qui y croient
J'ai juste pas envie d' me taire

Pendant c' temps là dans les cafés
L' opinion s' est « droitisée »
Ils ont cherché des coupables
En oubliant leurs cartables
L' histoire n' a rien enseigné
A tous ces tarés
Sans même lever la tête
Ils avancent comme des bêtes
Heureux de n' pas être affamés
Qu' LIDL leur fait du cassoulet
Continueront d'aller voter
Et gentiment se faire enfumer

J' ai pas de programme à t' faire
D' t' façon j' m' en branle de leur système
J' crois plus en rien
Pas plus aux crétins qui gouvernent
Qu' aux abrutis qui y croient
J'ai juste pas envie d' me taire

Ainsi va la France
Le reste du monde aussi je pense
Quelques milliards de tocards
A chercher des dollars
Nous condamnons nous même
Notre espèce à la peine
Au statisme des classes
A la pensée de masse
Quelques puissants aux volants
Des dieux pour nous faire tenir
Renier l' instinct, passer le temps
A s' asservir

J' ai pas de programme à t' faire
D' t' façon j' m' en branle de leur système
J' crois plus en rien
Pas plus aux crétins qui gouvernent
Qu' aux abrutis qui y croient
J'ai juste pas envie d' me taire


REGIS

Y'en a un qu'est pas trop net
C'est mon copain Régis
Il a pas grand-chose en tête
Et il fait rien de sa vie
Il regarde toute la journée
Tourner l'horloge
Au-dessus de la télé
Mais j'ose pas trop l’engueuler
J'veux pas non plus le virer
Et puis seul qu'est-ce qu'on d'viendrait
Et à qui on parlerait
Il a pas que des mauvais cotés
Puis moi aussi
Bah j'ai besoin de lui

Ouais j'm'y accroche à c't'idiot là
Même si souvent il ne se bouge pas
Il me supporte bien moi aussi
Quand j'pète une p'tite crise de vie
Et puis surtout
Il dit jamais rien

On a un rêve en commun
Not' tour du monde en estafette
On s'cale de la tune tous les mois
Pour se l'rendre réel
Mais faudra, qu'j'démissionne de l'usine
Et ma mère
Bah qu'est-ce qu'elle en pens'ra
Déjà qu'elle nous trouve pas trop nets
Moi et mon copain Régis
Elle me dit qu'à trente-cinq ans passés
Il serait tant de quitter l'âge bête
Elle m'dit qu'c'est un drôle de mannequin
Que je f'rais bien
De changer de copain

Mais j'm'y accroche à c't'idiot là
Même si souvent il ne se bouge pas
Il me supporte bien moi aussi
Quand j'pète une p'tite crise de vie
Et puis surtout
Il dit jamais rien

Paraît qu'on a pas l'air trop fin
Qu'i's'pass'rait pas grand-chose là-haut
Qu'y'aurait des manques
Dans notre tête
Paraît qu’on n’a pas l'air trop fin
Qu'i's'pass'rait pas grand-chose là-haut
Q'y'aurait des manques
Dans notre tête

Mais nous on est bien
Dans notre coin
Devant l'horloge
Au-dessus de la télé


CARREFOUR DES HALLES

Carrefour des halles, cité des lys
Bercé par le bruit d'l'autoroute
Tu grandis là, tu t'y emmerdes
Tu rêves comme ton père jadis
D'gagner un peu plus qu'un casse-croûte
D'réussir d'l'autre côté du périph'
Puis de de tailler, de prendre la route
Lui, a bazardé l'idée
Quand t'as pointé le bout d'ton nez
Il a toujours assuré
Vous êtes restés

Au carrefour des halles
De la cité des lys

Pausé en face des containers
Tu passes ton temps sur un muret
A cogiter comme un taré
A réviser ton plan d'carrière
Gravir les marches deux par deux
Pour arriver là où ça brille
Avoir une meuf, peut-être même deux
Puis attendre tranquillement la quille
Sauf que tout ça c'est pas gagné
Faudra faire autre chose que dealer
Pour sortir ton fion du quartier
Pour pas crever

Au carrefour des halles
De la cité des lys

Oui mais un jour sans crier gare
Une fille te foutra au placard
Alors tu f'ras comme ton daron
T’oublieras tes projets bidons
Tu chercheras un taf pas trop dur
Pas trop payé mais assuré
Un peu planqué
Genre balayer

Au carrefour des halles
De la cité des lys


CHIEN D'TALUS

Moitié renard
Moitié bâtard croisé vaurien
J'divague la truffe au vent
J'ai l’œil du délinquant
Plus chien de talus que chien des rues
Jamais trop à l'aise à la laisse
Quoique j'ai quelques facultés
Citadine devant le boucher

Moitié renard
Moitié bâtard croisé malin
Je me parfume au fumier
Et j'trace au poulailler
J'm'approche en chien d’arrêt
J’accomplis mon forfait
J'sais bien que ça va gueuler
Mais comment résister

Parait qu'il y en a que ça gène
Laissez-les donc en chaîne
Regarde chez eux y’a pas de problèmes
Parait qu'il y en a que ça gêne
Laissez-les donc en chaîne
En chenil, il faut bien qu'ils se tiennent

J'ai pris de l'âge
De la confiance et du bagage
En bon anar canidé
J'me fais des ovidés
Aujourd'hui ça va payer
J'me sens l'envie d'trotter
J'm'approche du champ trop assuré
J'aurais peut-être dû me méfier

Qu'est ce qu'il fout là c't'enflé
Son fusil à la main
J'le vois pointer pas le temps de capter
Il a déjà tiré
Pas grand-chose à regretter
L'instinct, j'en ai profité
Mais comme dirait Jeannot
Bah je suis mort comme un con

J'aurais vécu en chien de talus
J'aurais vécu en chien de talus


TCHAO VIEILLE BARRIQUE

'Déambulait sur sa péniche
Toute rouillée
Souvent bourré sur sa péniche
Toute déglinguée
D't'façons lui, il restait à quai
'S'echappait juste d'un passé
Enfermé sur son rafiot
Paumé comme un con sur la Seine
Il gueulait à tue-tête :
« Je suis le roi de l'océan !!! »
Oui mais au moindre coup de vent
Il dégueulait franchement

Pour lui c’était la mer
Il y voyageait dans sa tête
De Paris à Rotterdam
Paris Rotterdam

A terre c’était pas mieux
C'est dans les rues qu'il naviguait
 A bâbord à tribord
Il écumait les troquets
« Comment qu'ça va vielle barrique ?! »
Chantaient les tauliers à la porte
'Savaient bien qu'au moment de plier
Il s'enfermerait dans les chiottes
Une fois gavé de sa bourlingue
Il rentrait sur son cageot
Se jurant de s'y cloîtrer
De rester seul sur l'eau
Au moins jusqu'au prochain zef de trop

Et puis ça l'emmerdait
D'aller picoler à terre
Insociable et à moitié dingue
Parler lui faisait peur

C'est pas comme dans un roman
Qu'il a quitté son bateau
Il est pas mort en plein tourment
Ou emporté par les eaux
Il est juste mort d’être trop vieux
C’était juste une vie comme ça
Juste une histoire pour rien
Allez tchao l’être humain
On s'souviendra de ton sens civique
Allez tchao vieille barrique !!!

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