LE P'TIT VIEUX DU PREMIER
Y'a le p'tit vieux d'en bas
Qui s'ennuie comme un rat
Et pour passer le temps
Il devient méchant
Faire chier son monde
Ça permet d'exister
Se sentir détester
Ca le rassure
Il regarde la télé
Il reste enfermé
Le p'tit déj' à six heures
Et au lit à vingt et une heures
Il ne dépasse pas
Faut enregistrer
Les soirs où il y a
Julie Lescaut à la télé
Il s'emmerde à la r'traite et regrette ses année de gloires
Quand il était garde-champêtre, qu'il était le roi des trottoirs
Qu'sa femme ressemblait à quelque chose, qu'ses enfants lui parlaient encore
Qu'il avait pas cette putain d'cirrhose qui l'entraîne aujourd'hui vers la mort
La tête bien enfoncée
Dans l'journal du dimanche
Il aime ça juger
Toute sa petite France
Il se dit que quand même
Il est bien dans son quartier
Même si il a repéré
Deux trois basanés
Sa femme le soutient
Dans ses combats
Faire virer les jeunes du haut
Et leur putain de cabot
Même si il aboît pas
Il est quand même là
En plus les jeunes ne travaillent pas
"C'est pas possible de voir ça!"
LA COMPLAINTE DU P'TIT NICO
Après la rose et puis la pomme
J'vous présente le nouveau symbole
C'est le mien, j'en suis pas peu fier
Sur mon blason, un karcher
Je f'rais l'ménage dans les cités
D'vant votre porte, j'viendrai balayer
Avec moi y'a plus d'opprimés
Je ne garde que les friqués
Je suis le roi des démagos
Aujourd'hui tout le monde connaît mon nom
On m'surnomme le petit Nico
Ou alors l'enculé d' Sarko !
J'ai tout ce qu'il faut pour vous plaire
Sur mon blason un karcher
C'est vrai qu' parfois j' f'rais mieux de me taire
J'sors des conneries plus grosses que ma mère
J'ai la tronche qui passe à la télé
D'ailleurs j'suis toujours invité
On parle que d'moi dans les JT
Pour l'Elysée faut s'préparer
J'aime l'ordre et la sécurité
Avec les mots, j'sais provoquer
Les banlieues, j'sais les attiser
Mais toujours médiatisé
Les maux de tête ça rend fêlé
J'ai l'impression qu'on l'a r'marqué
Que chez moi tout ne tourne pas rond
Que je suis bon pour le peloton
AVANT D' CREVER
Un bout de mégot avant d' crever
J'veux voir partir ma vie en fumée
Elle fut trop courte pour voir péter
C'monde terrifiant plein d'enfoirés
On souille la mer, on massacre la terre
Gaspille notre temps a polluer l'air
La race humaine est ainsi faite
Pas besoin des autres pour s'exploser la tête
J'suis enfin, j' suis enfin sorti d'affaire
Me v' la peinard, j' suis largement mieux sous la terre
Mes gosses s' battrons pour hériter
D'un peu de terrain, d' trois quatre pavés
Les jeunes sont aussi cons qu' leurs aînés
Faut bien lutter pour ramasser
C'est pour ça qu'aujourd'hui j' me barre
Sans un regret quand j' voie les tares
Qui constituent le cheptel humain
J'aurais mieux fait d' lâcher mes chiens
DANS LA CRASSE
Les cendriers à ras bord
La manche qui colle au bar
Sur lequel traînent encore
Les chopines d'hier soir
On y est bien que dans a crasse
Content qu'les chiottes soient dégueulasses
On y ronque sur les banquettes
Des tables du fond d'la salle
La gerbe posée sur la moquette
Quand on s'y met minable
On y est bien que dans la crasse
Ravi qu'le sol soit dégueulasse
Et le verre à la main, on oubliait l'cafard
Laissant not' poids sur l'comptoir, on braillait nos histoires
Ca puait l'rat mort là-d'dans
Mais on s'y plaisait vraiment
On laissait sa journée
A l'entrée du troquet
C'est sur l'comptoir qu'on posait
Les chagrins, les regrets
Entouré d'potes enivrés
On r'faisait not' passé
On y était bien que cramé
L'ennui noyé dans les godets
Les étagères affichaient
Les trophées des soirées
Un slip, une pompe, un briquet
Offert pour une bolée
On y était bien que cramé
L'ennui noyé dans les godets
DEJA TOUT P'TIT
Déjà tout p'tit je voulais être chômeur
J'ai toujours eu la place près du radiateur
A l'école, j' sais pas pourquoi les profs pleuraient
Quand j'leurs tombais dans les pattes pour une année
J'ai toujours essayé de r'doubler
Toute les classes que je pouvais
Il a bien fallut pourtant un jour grandir
Il a bien fallut pourtant un jour vieillir
C'est pas gagné pour faire de moi un saint
J'traîne ca sur moi, la fainéantise me va bien
Après l'école j'suis parti travailler
Aujourd'hui j'suis sûr qu'c'était pas ma destinée
Maintes et maintes tentatives ont échouées
J'ai jamais pu apprendre un métier
On m'a toujours dit : "t'es pas assez motivé"
Qu'est-ce tu crois, j'ai qu'une vie, j' vais pas m'faire chier
A la gaspille dans l'inutilité
Ta réussite sociale, j'en ai rien à péter
Puis j'ai pris ma gratte pour y coller des chansons
Qui parleraient d'mes potes et d'ce monde un peu con
De joies, de pleures, de boissons et d' chichons
De tout ce que j'ai vu en traînant ma gueule de con
Des patrons, des politiciens, des fumiers
Tous ceux que j'n'arrive pas à voir sans gueuler
Même si ça change rien, au moins ça libère
J'aurais moins l'impression d'crever sans rien faire
BABY ROCK' N ROLL
Let's my baby the rock n' roll
Come on a boogie song